1 jour = 1 corail à Lombok en Indonésie : Impact du tourisme sur les projets de préservation et la vie des îles
Pour ce deuxième volet d’article du projet 1 jour = 1 corail, on vous emmène à la rencontre de 2 associations qui travaillent depuis plusieurs années sur Gili Trawangan et Gili Air. Des échanges passionnants qui nous ont éclairés sur la mise en place d’actions sur le territoire allant bien au-delà de la conservation et replantation de coraux. En effet, replanter c’est bien. Mais former des personnes locales à le faire, sensibiliser sur les causes, installer des bases pour permettre de contrôler les déchets émis par l’île.. c’est capital si on veut espérer changer les choses sur le long terme.
Au travers de ce deuxième reportage, notre ambition est d’abord de lever le voile sur le traitement de nos déchets, en tant que touristes, dans des zones isolés. Puis, de valoriser les initiatives qui sont mises en place afin de vous inciter à les soutenir pendant vos prochaines vacances ! On est parti ?
On remercie les associations Gili Eco Trust et Coral Catch de nous avoir ouvert leurs portes. Aussi, on remercie GoByAva, notre assurance voyage partenaire de ce projet !
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🏖 L’isolement des zones insulaires en Indonesie
Si les îles de Trawangan ou Air sont au milieu de l’océan, elles ne sont pourtant pas bien loin de la terre ferme. 1h de bateau pour Gili T et 30 minutes pour sa voisine Gili Air les séparent de la grande île de Lombok.
Cette distance n’a pourtant rien d’exceptionnel à combler pour un voyageur et son sac à dos. Cela pose cependant certains problèmes de gestion dont le #1 est celui du traitement des déchets.
Delphine de Gili Eco Trust habite à Gili T depuis maintenant plus de 10 ans. Après avoir lancé le programme de conservation marine avec l’association, elle s’attaque avec des locaux au projet de gestion du traitement des déchets sur l’île. En effet, le territoire de 15 km2 ne dispose d’aucun service de ramassage in situ et encore moins pour évacuer les résidus vers les centres de tris de la terre ferme. La seule solution pour les habitants ? Brûler les déchets dans son jardin ou devant sa maison.
Le développement touristique est souvent responsable de l’augmentation des déchets non organiques, avec malheureusement beaucoup de produits à usage unique. Shampoing, brosse à dent, peigne, emballage.. vous trouverez chacun de ces petits articles dans les hôtels de luxe sur les îles. Ne pouvant être traité ou évacué, ils finissent dans la fosse et/ou/puis.. à la mer. Note pour lus tard : nous générons moins de déchet et n’utilisant pas ce genre de produits !
🤝 Une solution imparfaite mais qui fédère
Les habitants et commerçants de l’île de Gili T se sont rassemblés pour mettre en place une sorte de taxe d’habitation pour gérer les besoins de la collectivité. Une initiative de micro-gouvernance intéressante qui sert à financer des travaux de voirie (comme la belle rue principale), l’accès à l’eau ou la collecte et le tri des déchets.
C’est comme ça qu’est née la fosse de Gili T. Un trou qui est devenu.. une colline de déchets de 3 mètres de hauteur. Et pourtant ça trie ! Malheureusement, le petit plastique n’en finit pas de s’amonceler en haut de cette butte. Les vaches se baladent au milieu de ce désert qui contraste avec ce que l’on voit sur le bord de mer.
Certains habitants de Gili T travaillent au trie, au ramassage et parfois à la transformation des déchets sur l’île. Mais lorsque le vent se lève.. c’est David contre Goliath. Le plastique s’envole dans toute l’île, jusque dans la mer car il n’y a aucune protection. On peut tout recommencer..
🤷🏻♀️ Une tentative de recyclage peu comprise par les pouvoirs publics
En Indonésie, certains contenants sont consignés ou revendables. Principalement, ce sont soit les entreprises fabricantes qui mettent en place ce système, soit des collecteurs qui récupèrent pour en faire quelque chose d’autre. Sur Trawangan, les bouteilles en plastique, de shampoing ou d’eau, mais aussi le verre des bouteilles ou l’aluminium sont récupérés pour leur donner une seconde vie.
Le gouvernement national est venu mettre son grain de sel. Une formidable opportunité s’est transformée en cauchemar. L’idée de base était de créer un espace équipé pour aider au recyclage. Le résultat : un bâtiment qui ne respecte pas les normes sismiques ou rien n’a été pensé pour le confort des travailleurs alors qu’un cabinet d’étude a été payé une fortune. Machines extrêmement lourdes et éloignées les unes des autres, personnel non formé.. presque inutilisable.
Après ce constat qui nous désespère, Delphine nous montre le traitement du verre. Fascinant ! Les bouteilles sont récupérées auprès de plusieurs restaurateurs de l’île, nettoyées puis concassées et.. deviennent des briques ! Vendues au même prix que leur copines en béton, elles sont par contre plus résistantes au seïsmes que ces dernières. Un très bel exemple d’économie circulaire qui marcherait mieux si.. l’emplacement des machines avaient été mieux pensé.
L’objectif aujourd’hui ? Se débarrasser des micro déchets plastique “à venir” pour qu’ils ne viennent pas augmenter le volume de la fosse. Plusieurs pistes sont examinées comme leur transformation en carburant. ça donne de l’espoir tout ça !
🐬 Après avoir travaillé sur terre.. rendez-vous dans la mer !
Gili Eco Trust, c’est aussi et surtout la conservation et replantation de corail. Avec ses structures BioRock installés en face de l’Ombak Sunset, et des normales en face du Trawangan Dive Center, les équipes de Gili Eco Trust luttent contre l’impact de la pêche à la dynamite et des phénomènes naturels qui ont ravagé le secteur. On vous a déjà expliqué l’intérêt du BioRock à Pemuteran. Ici, les équipes de l’association ont noté que cette technologie aidait aussi les coraux à se remettre du blanchiment dont ils sont victimes avec le réchauffement des océans.
Nous avons été enthousiasmés par la beauté des coraux qui sont installés sur les structures. Les poissons s’en donnent à coeur joie dans ce nouvel environnement insolite, entre scooter pour sirène et raie géante !
Si vous avez envie de découvrir le travail de Gili Eco Trust, il y a 3 manières de contribuer à leur action sur Gili Trawangan :
– Participer au ramassage des déchets qui a lieu chaque Vendredi. Le lieu à nettoyer est indiqué sur la page Facebook de l’asso;
– Faire un tour de snorkeling avec l’équipe pour découvrir le BioRock (sans l’abîmer);
– Découvrir Gili Trawangan autrement en vélo avec le Re-Cycle tour.
🐳 Et si on va voir ce qui se fait chez la voisine Gili Air ?
On a pris un bateau et pouf, nous avons atterri sur le terrain de jeu de l’association Coral Catch. Maisy nous accueille pour nous expliquer le champ d’action de ses collaborateurs mais aussi qu’est ce que va faire Mimi sous l’eau aujourd’hui !
Et oui, il va partir avec les équipes de Coral Catch pour une session de bichonage de bébé coraux. Deux types de structures seront visités : les arbres à coraux et les structures “classiques”. C’est la deuxième fois que l’on s’immerge pour participer activement à l’entretien de nurseries et de structures et y’a pas à dire.. le travail est titanesque. Il faut enlever chaque petites algues, nettoyer autour du corail tout en faisant attention à ne pas toucher les autres et avec délicatesse. 1h de plongée à 10 mètres fatigante mais super intéressante de voir leur travail !
👯♀️ De la replantation de corail, mais pas que !
La conservation du corail sur Gili Air est un des aspects de l’action de l’association. En échangeant avec Maisy sur l’ensemble des actions de Coral Catch, on découvre un projet d’une toute autre ampleur.
A échelle locale, la NGO travaille avec les centres de plongée pour identifier les requins et tortues qui vivent ou passent par ici. L’idée est de créer d’ici plusieurs années un espace d’habitat protégé pour les requins, en collaboration avec les autres îles.
En parallèle, Coral Catch travaille aussi sur l’éducation des jeunes femmes et leur insertion dans le milieu de la plongée et de la recherche scientifique. Chaque année, 5 bourses sont données à des étudiantes qui viennent se former sur Gili Air et ensuite utilisent ces connaissances pour créer d’autres projets à succès ailleurs. Une belle initiative et la première que l’on rencontre avec cet angle éducatif.
En parallèle, Coral Catch propose aussi des séjours de plongée pour apprendre à planter des coraux et observer les requins. La semaine est à partir de 1500€, pension complète incluse.
👊 Un projet inspirant de collaboration entre les îles
Mais les ambitions de Coral Catch vont plus loin. Sur les prochaines années, la NGO souhaite créer un réseau unifiant les structures qui œuvrent pour la sauvegarde des océans en Indonésie. Une manière de partager les connaissances entre les différents acteurs et d’avoir plus de poids face aux institutions et entreprises qui ont un impact quotidien avec leur prise de décisions.
Notre rencontre avec Coral Catch et Gili Eco Trust confirme notre première observation à Pemuteran. Unir les actions individuelles est indispensable pour parler d’une voix cohérente et avoir un impact plus important et durable sur les institutions et la mise en place d’actions pour préserver l’océan et ses habitants. Un partage très inspirant, nous sommes repartis des îles avec espoir.
Bonus : Tu as envie de faire un geste pour l’océan au quotidien avec tes recherches sur le Web ? Nous avons rencontré Harry qui travaille pour la sensibilisation chez Ocean Hero. Avec l’argent généré par les publicités, l’extension finance des projets de collecte et transformation du plastique dans différents pays, avec un volet éducatif. Et c’est aussi facile qu’un clic sur Google !
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[…] nos reportages sur différentes structures qui le replantent en Indonésie, à Pemuteran ou sur les Gilis T et Air par […]